La vie après le pétrole

Je viens tout juste de terminer la lecture du livre intitulé La vie après le pétrole : De la pénurie aux énergies nouvelles de Jean-Luc Wingert (Éditions Autrement, Paris, 2005). Il s'agit d'un livre à la fois passionnant et terriblement inquiétant. Il traite, comme son nom l'indique, de la fin du pétrole, utilisant de nombreux arguments et illustrations. Il est vraiment écrit pour les non-spécialistes de la question, agréable à lire et facile à comprendre.

Couverture : une «pin-up» fait le plein de sa grosse voiture américaine

Contrairement à ce que l'on pense généralement, la fin du pétrole n'est pas si proche que ça. L'auteur propose une fin hautement hypothétique du pétrole au milieu du XXIIèsiècle ; il imagine que la dernière goutte de pétrole pourrait brûler dans un engin militaire à un prix astronomique. Mais le problème surviendra avant : il s'agit du pic de production et du phénomène de déplétion. L'auteur estime que le pic de production sera atteint, après plusieurs chocs pétroliers majeurs, vers 2015 (dans 10 ans seulement !). À partir de là, la production de pétrole ne pourra plus que diminuer inexorablement, et son prix s'envoler en conséquence. C'est le phénomène de déplétion : les réserves sont là, mais seules les plus difficiles d'accès n'ont pas encore été exploitées, et la production baisse, sans que l'augmentation des prix suffise à augmenter la production en rendant rentable l'exploitation de gisements actuellement non ou peu rentables - ce qui se passe en ce moment, mais ne pourra pas continuer éternellement.

La consommation, elle, ne fait qu'augmenter régulièrement depuis le milieu du XIXè siècle et le début de l'exploitation industrielle du pétrole. Il va donc, pour la première fois de l'histoire, manquer du pétrole (jusqu'à maintenant, il y a toujours eu surproduction). Les prix vont s'envoler, et comme d'habitude ce sont les plus pauvres qui vont trinquer. Pénuries, chaos, guerres pour le contrôle du pétrole : voilà ce qui attends l'humanité dans les prochaines décennies.

Après avoir tiré la sonnette d'alarme, l'auteur passe en revue les solutions possibles au problème : énergies alternatives et économies d'énergies possibles (qui deviendront bientôt nécessaires). Il explique pourquoi les voitures électriques et à hydrogène ne sont pas des solutions (l'électricité et l'hydrogène ne sont que des moyens de transporter l'énergie, et non pas des sources d'énergie, qu'il faudra donc produire, avec un rendement catastrophique). Il cite en exemple les pays scandinaves, qui sont de loin les plus avancés en matière d'énergies renouvelables et d'utilisation raisonnable de l'énergie.

Alors, faudra-t-il éteindre les lumières et se déplacer à pied ? Faudra-t-il revenir aux bougies et à l'âge de pierre ? Certainement pas ! Mais il faut tirer un trait sur l'énergie bon marché que l'on peut gaspiller. Le monde passera sans doute par une phase de « relocalisation » des activités industrielles, le prix des transports élevé aidant. Fini le transport des tomates hollandaises en Italie pour les transformer en sauce et les ramener aux Pays-Bas pour les vendre. Rien qu'avec des mesures de ce genre (de bon sens), il y a de quoi réaliser de substentielles économies. Il faudra également développer les énergies renouvelables. Voilà de quoi relancer une économie morose.

Cependant, cette transition devra être organisée. Autant s'atteler à la tâche avant qu'il ne soit trop tard, sans quoi cette merveilleuse perspective d'avenir pourrait bien se terminer en un véritable chaos. Malheureusement, devant l'inaction des gouvernements occidentaux, il y a de quoi avoir peur, et nous pourrions bien subir une catastrophe économique, politique et sociale. La première chose est peut-être encore de prendre conscience du gouffre qui s'approche plus vite qu'on ne le croit. À ce moment là seulement il sera possible de modifier notre direction.

Je ne peux pas résister à l'envie de vous citer le début de la conclusion.

Comprendre la situation actuelle demande de prendre un recul inhabituel. L'histoire du pétrole exploité industriellement ne durera probablement que trois siècles, après plusieurs millions d'années de genèse. Nous arrivons à la moitié de cette période, moment où le phénomène de déplétion provoque une baisse irrémédiable de la production. Or cette baisse de la quantité de pétrole disponible va provoquer des bouleversements d'une ampleur comparable à ceux de la révolution industrielle et nécessiter de mettre en œvre un chantier de nature analogue à celui de la reconstruction de l'après-guerre.

D'ici à 2015, un ou plusieurs chocs pétroliers sont inévitables, accompagnés d'une hausse importante du prix du baril, à moins qu'une récession économique ne parvienne à provoquer une baisse de la consommation et retarde l'échéance de quelques années. Les autres énergies fossiles vont aussi entrer en déplétion - le gaz naturel va atteindre un maximum de production vers 2030, et le charbon vers 2050. Cette baisse de la quantité d'énergie disponible sera une première dans l'histoire de l'humanité.

À lire :

Xavier Robin
Publié le jeudi 10 novembre 2005 à 18:42 CET
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Retour de l'obscurantisme

C'est fait : l'État du Kansas a relégué la biologie au rang de théologie.

À la limite, qu'on enseigne l'« intelligent design » dans un cours de théologie, pourquoi pas, mais dans un cours de biologie…

Edition : à lire également, l'article Goodbye, Kansas de Pharyngula.

Xavier Robin
Publié le jeudi 10 novembre 2005 à 18:13 CET
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