Problèmes de qualité chez Qobuz
Tout le monde le dit, l'avenir de la musique est en ligne, de manière dématérialisée. Qobuz est un de ces sites. Wikipédia lui a d'ailleurs dédié un article. J'ai moi-même découvert ce site en juin passé, et acheté plusieurs albums. Si le concept est extrêmement intéressant, il me semble qu'il n'est pas encore vraiment au point. Voici pourquoi.
Considérations générales
- Le prix
- Sachant que l'on dématérialise l'achat, on imagine que le prix de fabrication du CD, son emballage, son stockage et son expédition devrait rendre les CD plus chers que le téléchargement, ou seul un serveur avec une bonne bande passant est nécessaire. Or, ce n'est pas le cas, et le téléchargement revient plus cher que le CD. Exemple avec le CD « Federico Mompou, Œuvres pour piano (Intégrale, volume 1) », affiché 7.01€ à la fnac et… 7.79€ chez Qobuz, pour du MP3 qui plus est. La tendance est cependant inversée sur les CDs plus chers : un album dépasse pas 13€, à moins qu'il n'y ait plusieurs CDs. à quand des albums qui ne correspondent plus au « format CD » ?
- Le packaging
- à ce prix, on n'a droit qu'au fichier binaire, mais pas de bonus comme le livret. C'est fort dommage, car il contient souvent des informations très intéressantes sur l'interprétation. Il contient a en général aussi le détail des crédits : l'ingénieur du son, l'année d'enregistrement, etc. Rien de tout ça chez Qobuz. Si l'on veut imprimer la couverture, il faudra se contenter de l'image JPEG de piètre qualité fournie avec. Il ne serait pourtant certainement pas compliqué de fournir ces suppléments, et ils ammèneraient une vraie plus-value.
- Les tags
- Pour pouvoir y accéder dans une bibliothèque numérique, un fichier doit être correctement taggué. Chez Qobuz, il n'y a pas de politique à ce sujet, chaque album étant taggué différemment, au petit bonheur la chance. Dans un monde idéal, l'utilisateur pourrait choisir le type de tagging qu'il souhaite au moment de télécharger.
- Le choix
- C'est probablement le point positif de Qobuz. On y trouve un choix qu'il est strictement impossible d'espérer trouver dans une discothèque, sauf à passer commande. L'achat est raisonnablement facile (il faut s'enregistrer chez Click&Buy la première fois, ce qui prend effectivement quelques minutes plus un téléphone si l'on n'a pas de téléphone portable pour reçevoir un SMS), le téléchargement rapide (environ 500 Ko/s chez moi, ce qui correspond au maximum de la connexion). à part les quelques retouches à apporter ensuite, on peut raisonnablement espérer écouter son album en une dizaine de minutes. On peut également écouter quelques extraits avant de passer commande, ce qui peut permettre de se rendre compte si l'achat correspond bien aux attentes ou si le ténor chante trop faux.
Qualité sonore
- Formats
- Les musiques sur Qobuz sont disponibles en deux formats : lossy (compression avec perte, formats MP3 ou WMA) et, pour un petit supplément, lossless (compression sans perte, format ALAC ou WMA Lossless). Pas de DRM, mais pas de formats ouverts comme OGG ou FLAC non plus.
- Défauts sonores
- C'est ici que le bât blesse. On pourrait s'attendre à une qualité comparable au CD. Or, la musique téléchargée depuis Qobuz est bourrée de petits défauts.
- Dans l'album Johannes Brahms - Joseph Joachim, Hungarian Dances, j'ai eu la mauvaise surprise de découvrir qu'une partie d'une piste était couverte par un bruit blanc. La capture suivante a été prise dans Audacity :
- Dans le même album, la fin d'une autre piste a disparu. C'est moins désagréable pour l'oreille, mais ça dure plus longtemps :
- J'ai contacté le support, qui a constaté les problèmes et m'a promis de les corriger. Ils l'ont fait, même si je n'ai pas été averti, cependant ils ont dédoublé les pistes. Dans l'exemple suivant, au lieu de durer 2 minutes, la piste dure 4 minutes et contient deux fois la même chose :
- Autre gêne, et on retrouve ceci sur de nombreux albums, un « clic » à la fin d'une piste. Dans audacity, ça ressemble à ça :
Il faut alors éditer manuellement la fin de chaque piste pour supprimer le bruit. - Dans certains albums, on retrouve également des perturbations au milieu des pistes. Elles ne sont pas faciles à mettre en évidence, mais on trouve une « barre verticale » dans cette piste :
Cela produit un effet transitoire désagréable. Lorsque j'ai contacté Qobuz à ce sujet, on m'a répondu « Nous avons écouté (dans une ambiance bureau certes), les morceaux, mais nous n'avons pas trouvés de traces flagrantes de clac ou de couac. »
évidemment ce genre de défaut n'est audible qu'avec du matériel d'un minimum de qualité et dans un environnement plutôt calme.
- Dans l'album Johannes Brahms - Joseph Joachim, Hungarian Dances, j'ai eu la mauvaise surprise de découvrir qu'une partie d'une piste était couverte par un bruit blanc. La capture suivante a été prise dans Audacity :
Conclusion
Si les quelques défauts de prix de certains albums, de tagging ou de packaging ne sont pas vraiment rédhibitoires, les problèmes de qualité sonore sont un vrai handicap selon moi. Je dois dire que presque tous les albums que j'ai acheté souffrent d'un ou l'autre des défauts énoncés plus haut, et spécialement des « clics » finaux, qui doivent bien contaminer la moitié des pistes de la moitié des albums que j'ai acheté (environ 5 sur les 10). Et l'amateurisme manifeste dont j'ai été témoin me fait craindre que la situation n'est pas près de changer. Je n'ai plus acheté d'albums depuis juin, et je ne suis pas sûr que ces constatations vont me pousser à recommencer.
Xavier Robin
Published Saturday, September 12, 2009 16:03 CEST
Permalink: /blog/2009/09/12/problemes-de-qualite-chez-qobuz
Tags:
Comments: 0
Comments
No comment