Sécheresse de printemps 2011 à Genève
Début mai, MétéoSuisse publiait une actualité sur « la sécheresse actuelle en regard des grandes sécheresses du passé ». Une partie de ces données (les moyennes mensuelles) sont publiques, ce que vous savez déjà, car je les ai déjà utilisées l'an dernier. Mises à jour chaque mois, les données du mois de mai viennent d'arriver.
Depuis le début de l'année, on observe des températures élevées et des pluies faibles… l'herbe est déjà jaunie depuis plusieurs semaines, voici ce qu'on pouvait observer dimanche dernier dans mon jardin :
Cette sécheresse est-elle vraiment inhabituelle ? Retrouve-ton fin mai les tendences esquissées par MétéoSuisse ? C'est ce que nous allons voir.
Nous commençons donc par télécharger les données pour Genève.
geneva.url <- url("http://www.meteosuisse.admin.ch/web/fr/climat/climat_aujourdhui/donnees_mensuelles_homogeneisees.Par.0031.DownloadFile.ext.tmp/geneve.txt", encoding="ISO-8859-1") geneva.monthly <- read.table(geneva.url, header=TRUE, skip=27)
Le printemps
Regardons d'abord les données pour les printemps, c'est-à-dire de mars à mai.
springs.data <- geneva.monthly[geneva.monthly$Month <= 5 & geneva.monthly$Month >= 3,] geneva.spring <- aggregate(springs.data[, c("Temperature", "Precipitation")], list(Year=springs.data$Year), sum) geneva.spring$Temperature <- geneva.spring$Temperature / 3 geneva.spring[order(geneva.spring$Precipitation),]
Avec 59.4 mm, 2011 est le deuxième printemps le plus sec depuis 1864, après 1938 (48.1 mm). La moyenne se situant à 209.0 mm, cela représente 28% de la normale.
C'est par contre le printemps plus chaud jamais enregistré à Genève, avec en moyenne 12.2°C, bien plus que 1938 qui était plutôt frais (8.7°C).
Si l'on affiche les précipitations en fonction des températures pour tous les printemps depuis 1864, il est facile de voir que 2011 est un crû exceptionnel :
plot(geneva.spring$Precipitation, geneva.spring$Temperature, type="n", xlab="Précipitations (mm)", ylab="Température (°C)", main="Printemps (mars–mai)") text(geneva.spring$Precipitation, geneva.spring$Temperature, labels=geneva.spring$Year) points(mean(geneva.spring$Precipitation), mean(geneva.spring$Temperature), pch="+", col="green", cex=3)
Depuis le début de l'année
Janvier et février étaient déjà relativement secs souvenez-vous du manque de neige sur les pistes de ski ! Regardons donc cela :
early.year.data <- geneva.monthly[geneva.monthly$Month <= 5,] geneva.early.year <- aggregate(early.year.data[, c("Temperature", "Precipitation")], list(Year=early.year.data$Year), sum) geneva.early.year$Temperature <- geneva.early.year$Temperature / 5 geneva.early.year [order(geneva.early.year $Precipitation),] plot(geneva.early.year$Precipitation, geneva.early.year$Temperature, type="n", xlab="Précipitations (mm)", ylab="Température (°C)", main="Début de l'année (janvier–mai)") text(geneva.early.year$Precipitation, geneva.early.year$Temperature, labels=geneva.early.year$Year) points(mean(geneva.early.year$Precipitation), mean(geneva.early.year$Temperature), pch="+", col="green", cex=3)
Ici encore, on voit bien que 2011 sort du lot :
2011 se situe en troisième position des débuts d'années les plus secs (120.2 mm depuis janvier), après 1870 (118.9 mm) et 1953 (100.7 mm). Là aussi, cette sécheresse s'accompagne d'une température bien plus élevée, 8.4°C. Seul 2007 était plus chaude avec 9.2°C, mais des pluies supérieures à la normale de 328.5 mm. Autrement dit, depuis janvier, nous n'avons reçu que 37% de l'eau qui tombe normalement pendant la même période.
Sur une année
Pour finir, regardons ce qui se passe sur une année entière. Comme nous avons les données jusqu'au mois de mai, nous allons regarder ce qui se passe entre juin de l'année précédente et mai de cette année (donc par exemple pour 2011, cela correspond à la période juin 2010–mai 2011).
geneva.monthly.switched <- geneva.monthly geneva.monthly.switched$Year[geneva.monthly.switched$Month > 5] <- geneva.monthly.switched$Year[geneva.monthly.switched$Month > 5] + 1 geneva.year.switched <- aggregate(geneva.monthly.switched[, c("Temperature", "Precipitation")], list(Year=geneva.monthly.switched$Year), sum) geneva.year.switched <- geneva.year.switched[geneva.year.switched$Year > 1864,] geneva.year.switched$Temperature <- geneva.year.switched$Temperature / 12 geneva.year.switched[order(geneva.year.switched$Precipitation),] plot(geneva.year.switched$Precipitation, geneva.year.switched$Temperature, type="n", xlab="Précipitations (mm)", ylab="Température (°C)", main="Sur une année (juin[x-1]–mai)") text(geneva.year.switched$Precipitation, geneva.year.switched$Temperature, labels=geneva.year.switched$Year) points(mean(geneva.year.switched$Precipitation), mean(geneva.year.switched$Temperature), pch="+", col="green", cex=3)
Avec 597.4 mm tombés ces 12 derniers mois, nous n'avons reçu que 64% des 929.1 mm qui tombent habituellement en une année. Ce qui place la période juin 2010–mai 2011 à la deuxième place, bien après juin 1869–mai 1870 qui n'avait vu tomber que 501.6 mm, soit seulement 54% de la norme. Mais ici encore, la température est nettement plus élevée.
Conclusion
Nous sommes donc bien dans une période record. Les précipitations sont basses depuis 12 mois, et les sols ne se sont que peu rechargés en eau depuis l'automne dernier. La sécheresse est prononcée depuis le début de l'année, et plus encore depuis mars, et les températures de ces derniers mois sont les plus élevées jamais mesurées. Si le temps ne change pas radicalement très bientôt, l'été pourrait se révéler catastrophique.
Xavier Robin
Published Thursday, June 2, 2011 15:15 CEST
Permalink: /blog/2011/06/02/secheresse-de-printemps-2011-a-geneve
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